à cet instant b. n’y voit pas de si grandes choses, écrase le ciel ennuyeux, lorsque b. lève la tête que voit-il mieux, la route, le fond, assombri, du paysage, discerne d’impalpables ombres, puis, si loin, de vaines dérisoires silhouettes, minutieusement découpées sur une quelconque crête, hors sujets de l’histoire, tout cecicela manque de chair ; aucune perspective les volumes s’aplatissent s’empilent, la zone sombre fait taches avec b. l’abstrait fait corps pour avec b. / contagieuse grisaille : rien que de l’entendre on croit déjà la voir: rien que de l’apercevoir b. pense déjà en être – brume nombreuse ciel copieux sol étroit ; lorsque soudain b. est encore allée trop loin trop vite trop tard, lorsque soudain cet accident toujours au mauvais moment, lorsque soudaine réduction du corps lorsque soudaine dépression du temps / lorsqu’enfin se déprime le temps / puissent les yeux les pieds mesurer le chemin déjà – et celui qui reste à – monts et vaux compris ; mais où b. veut-il bien en venir aux mains dès que la lumière sombre, si peu concentré n’aurait jamais imaginé en arriver là, à ce point là, lorsque soudain / à cet instant précis : temps mort / alors, des hauteurs de son tabouret, b. observe à la loupe d’obscurs premiers plans : illisibles mais pas tant inaudibles ; ce qui se montre se voit se dit semble plus grand que la vie mais pas surréel b. se rapproche-t-elle ainsi à se focaliser l’important l’essentiel le fondement se découvre dans le réconfort de la brume : b. voit ce que b. peut voir ce que b. sait voir a déjà vu ce que b. voit n’est que ce que voit b. ce qui lui passe sous les yeux ce qui se passe à portée de mains ses courtes mains crispées aux doigts raidis boudinés aux yeux blafards, tout ce qui touche b. – et maintenant: les yeux obstrués dans la nuée b. baisse la tête et sous le bidon se souvient du sexe fait le point sur les jambes, cuisses genoux mollets chevilles pour en finir avec ces pieds qui ne la mènent pas très – avance en regardant arriver les cailloux, penaud piteux pateux pataud, honteuse trouillarde ; ciel lourd paysage au plus bas sol épuisé la route s’entame dans un silence assourdissant s’achève dans un bruit infime, pendant ce temps b. cherche à raccourcir chaque virage, b. ne s’engagera pas plus loin, faites comme si b. n’était pas là comme ça b. n’est effectivement plus là / allongeant le pas augmentant la cadence : dans le flou, la lumière dans la gueule, sous estimant la situation s’exposant trop longuement, ne prenant que de mauvaises résolutions, b. vaque à l’épuisement des détails, étonnante forme curieuse matière – plus vite b. cligne des yeux moins longtemps est-elle impressionnée – lorsque soudain le paysage s’éclaircit : b. se rend à l’évidence, longe les grandes lignes, toute cette économie visuelle obscure demeure, mais s’agit-il ici de faire croire que tout fait abstraction, l’espace dont même b. s’abstrait, perdant toute notion de – d’ici là se pressent quantité de détails censés rendre réaliste la fable indices sérieux preuves prétendues irréfutables pour mesurer l’ampleur de la situation, la certitude fournit la seule piste plausible alors b. s’abandonne au doute, perplexe : paysage dialectique détail: ceci cela masque, développe, ébruite, élargit, atrophie, encombre, résume, alimente, matérialise, révèle, simplifie, complique, fragilise, comble, contraint, distrait, provoque, suggère, omet, nuance, agrémente, certifie, atteste ceci cela, et quoi encore – ballant à l’essentiel b. se perd de si bon chemin les causes les effets b. n’y voit pas toujours très clair ne s’explique pas ce qui explique certainement que/b. manque singulièrement de précisions – ce qui change b., ce que change b., ce qui ne changera jamais – b. détail insignifiant de ce paysage anecdotique moment de b. – qui s’en fait un monde, pourtant
et voilà ça y est c’en est là b. y est arrivé, d’ores dans le vif – b. préfère alors s’arrêter au pied du premier monticule venu et finalement attend que ça se passe, affalée sur la banquette s’occupe le temps finira bien par arriver, d’ici la vue est pas mal, zone de A à B et de B à A jamais plus loin ne traîne les pieds b. n’en revient toujours pas ; de ce parking de supérette voit les choses en infiniment grand puis infiniment petit, un jour puissante évocation le suivant précise miniature, b. prépare le terrain en oubliant comme d’hab’ d’anticiper la profondeur du champ, patatras toute retournée tombe du transat mal calé sol boueux, encore faudrait-il que b. s’approche, d’avancer sans aucun plan à contre-jour – aperçus de l’indescriptible paysage sonore, constante progression harmonique, accumulation de grésillements, grondement lancinant, indiscernables bruits empilés, indistinction saturation du moindre détail, embrouilles systémiques abolition des événements disparition des faits marquants, apparitions indécises, accident continu choc incessant tension permanente, craquements alentours aléatoires, vagues impressions, lent phénomène brutalité de l’irruption violence de l’interruption bourdonnements si près si loin crissements inconfortables, amplitude étendue amplifiée, expansion graduelle, temps à peine variable, ostinato flots nappes entêtantes aucune introduction aucune précaution d’usage rien n’indique d’où ni vers où, minces variations inaudibles monochromie stéréophonique qui ne rime à rien, lexique restreint phrases qui n’en finissent ni ne commencent, b. guette ce qui fait écho attend ce qui laisse divaguer, se bouche les yeux se laisse emplir fondre confondre, malentendus répétitifs, la petite musique ne dit rien qui aille le paysage se tait b. croit s’y entendre sans devoir écouter, déchante, décomposition ton sur ton, excès de mots plantés dans la chair des silences exacerbés dans la confusion des sons, c’est dans le silence que b. entend tout s’agiter b. ébranlé n’y comprend rien tant mieux pour elle : concrètement, b. d’humeur bruyante ;
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b. varie jusqu’à s’éreinter revient y revient à chaque fois, y met les formes inlassablement prend ses aises / b. s’habitue vite à ce qui lui simplifie la vue, n’arrive pas à s’en départir, b. décline les formes les invitations, juste pour varier les plaisirs juste pour le plaisir merci tout le plaisir était pour moi, b. revient sans cesse au même sans jamais y arriver exactement, à la même heure au même endroit – au mauvais endroit à la bonne heure – les saisons passent, change le temps, ce qui change ce qui ne change pas déstabilise perturbe b. / sensiblement / b. se répète chaque geste, minutie, amasse le peu de vocabulaire s’en fait une inénarrable montagne, simples moments du massif qui s’impose, b. hypertextualisée hyposensibilisée / b. butée y voit-on mieux à force de s’obséder, enthousiaste à l’idée d’y retourner comme si de rien n’était, inévitables motifs corps clichés éculés aucune suite dans les idées, sans surprise b. ne se renouvelle pas – pourtant b., sériel minimaliste, reste inquiet : tant que l’œil reste soucieux n’y croit pas une seule seconde – y retourne, en fait l’expérience en tire d’inavouables conséquences, l’improvisation se débat dans l’épreuve des faits, impermanence du sol, mains bandées yeux tranchés, dans le vu le su le connu le reconnu se noue l’impromptu, sur le fil b. troublée, mais les souvenirs gâtent le point de vue, pollution visuelle atmosphère empoisonnée par trop respirable, une catastrophe environnementale mettrait-elle un terme à, temps catastrophique risques permanents zone accidentogène, attention accident en vue, b. s’attend à, puis la situation se dégrade – lorsque soudain l’accident /
/ plus tard b. se demande : valait-il mieux les yeux ouverts le voir arriver ou les yeux fermés se laisser surprendre, mais alors où quand commence l’accident ? quand soudain un événement – ça tombe bien, b. manque de tout surtout d’imprévus b. prévoit tout rien n’arrive sauf – sur son biclou b. a appris à ne pas lever le nez les yeux les mains du guidon file droit les flics font la circulation b. vite vite passe casse quand soudain un virage toujours pressé, c’est toujours contre le temps que b. s’abîme à la fin de l’histoire – tout s’enchaîne puis tout est déjà fini et dire que b. pensait que ça n’avait toujours pas commencé, b. n’en finit plus, le premier choc visuel sonore passé b. ne se rend pas compte que tout a définitivement changé, imperceptiblement – avec tous ces contretemps, b. est bien avancé
; au détour d’un énième pli de terrain lorsque soudain ce paysage se répand – à cette vue subite l’œil se retient le geste s’interrompt les muscles s’immobilisent le temps se vole le paysage impose son propos – le point de vue se dégage précisément là où mitrailleuse et fauteuil s’installent confortablement: imprenable, la vue, nécessairement – b. pense dominer son sujet mais fait (à nouveau) fausse route lorsque soudain c. perd la trace de b. dans le contexte/où s’arrête b. où commence c. lorsque soudain surgit cette vision ; c. se prend les yeux dans le décor cette vue splendide fait collision cette embardée fait paysage – ce qui fait bien les choses, grand bien leur fasse, le hasard façonne tout sur son passage il n’y a pas de nature il n’y a que des idées détestables de nature, il n’y a pas de paysage il n’y a que des idées saugrenues de paysage, c. se fait des (sales) idées derrière la tête devant les yeux – ici tout se fabrique: minuscules silhouettes plantées sur la crête là-bas face à, les figurants triment, et préfèreraient ne pas, ce qui se manifeste : voilà le travail, sang et larmes compris – le paysage n’est pas cette fiction que c. décèle entre les gouttes croit reconnaître de l’impliable carte tenue à bouts de maigres bras, c. se complait dans la fantaisie la fable l’affabulation les caprices des courbes géologiques et des taches de lumière – submergée, c. fait l’amer usage de cet espace politique insécable, comme c’est chiant cette verdure cette montagne cet air pur – c. s’arrête en bord de/à première vue c. croit y voir clair : voici, et seulement après : voilà : maintenant, le paysage se tend, démesuré, cherche à impressionner, à seconde vue c. s’oublie dans la superposition de couches l’abstraction des volumes l’accumulation des étendues et la certitude que là-bas se passera plus tard; lorsqu’enfin la vue baisse le paysage se retourne tout contre c. le corps s’émeut les effets prolongent c. dans cet espace qu’elle ne traversera pas aujourd’hui (trop fatiguée) ce qu’elle voit là qu’elle n’embrassera jamais histoire de garder le meilleur pour la toute fin (pense-t-elle), vision périphérique, anamorphoses, ellipses, les frémissements du paysage s’impriment sous la peau désséchée – seul l’horizon fait événement seul le temps fait système, c. se met dans l’ambiance et le monde s’achève dans le lointain finit dans le temps qu’il fait : la géographie n’est qu’affaire d’histoire ; planté dans le décor, c. ne se voit pas, abîmé dans le fossé c. jouit-il de ce qu’elle ne devine même pas derrière cette bâtisse ce rocher cette forêt cette pile de conteneurs qui lui bouche la vue lui empêche les pieds lui contraint les membres lui étouffe les viscères ? où quand comment est le contraire du temps où quand comment est le contraire de l’espace ?
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puisqu’aujourd’hui le soleil brille faut en profiter paraît-il, alors b. & c. partent pique-niquer au bord de la rivière, chemin faisant rencontrent t. comme tiresias qui ne fait tantôt qu’un avec lui-même tantôt une avec elle-même, l’une et l’un ne sont pas pour autant de simples moments de t., aveuglée par le courroux de quelque susceptible puissante, dans ce bas monde mieux vaut ne pas voir certaines histoires mieux vaut ne pas raconter certaines histoires, à la fin tiresias n’y verra que plus clair dans leur jeu, toujours en avance sur son temps, sans aucunement se presser, ainsi les choses seront claires pour tout le monde (sauf pour c. & b. qui ne comprennent jamais que). Sur les rochers on est certes mal assis la salade mal assaisonnée mais la compagnie est charmante, les corps légers, les protagonistes n’ont rien à se dire et pour qui voit les échanges de regards sont souriants et anecdotiques, lorsque soudain l’orage tonne, se dispersent les mouches, ainsi se finit déjà cet énième épisode, tout va si vite.
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à l’évidence, c. tâche de composer, avec tout c’beau monde, souci du paysage : portrait de groupe en pieds; se fait refaire le portrait à l’image de cette foule qui se grouille dans les lieux mis en commun, s’essayant à occuper le terrain, profils bas, c. problématique : n’y va pas de soi y met pourtant du sien, se compromet, donner prendre donner prendre sur soi, tout bouge autour de c. personne ne se touche (à peine, mesquineries, dans les confortables draps conjugaux), inéluctable huis clos, tout part des circonstances tout arrive à c., en restitue quelques bribes, tout corps plongé tout corps dépassé par les événements tout corps modifié, que c. le veuille ou non, se tiennent (à peu près) bien b. d. c. se métamorphosent en situation, s’accomodent très facilement à l’ambiance étriquante, sortie de son contexte c. bien comme tout le monde : vastement contemporain, situation préoccupante, c. en situation de : c. allume la télé, affalée dans son vieux canapé avec chacha sur les genoux main dans la main avec mimi le mari jaloux, pour mater des fresques interminables mais pas démesurées, société compacte de personnages secondaires et tertiaires, premiers rôles méthodiquement assassinés, rien de particulier à voir : tout reste à voir c. ne sait pas où donner de la tête, sous-titres mal calés, chaque recoin se trame, recompose chaque instant et hop glisse sur une autre séquence, tant pis si c. loupe certains épisodes ou si l’œil s’accroche parfois à un détail du scénario, dérive hasardeuse flânerie de scène en saynète aucune action spectaculaire pas d’événement notable c. à peine intrigué – léger tournis, l’écran fait tableau fait paysage fait monde fait système, c. s’en suffit, se balade dans l’ensemble rythmé par d’insignifiants gros plans, chacun fait son p’tit truc dans son p’tit coin tout frémit l’air de rien pièces rapportées montées s’assemblent pour ne ressembler à rien de précis, sons et images ne coïncident guère, lente longue imperceptible progression infime accumulation d’anecdotes discrète chronique des faits rien que des faits, fiction très réaliste, la tension s’étend indistinctement et jamais ne s’y résout, c. n’a rien à saisir de ce qui se déroule sous son pif, puis tout se met à dérailler (forcément) sans qu’elle s’en rende compte – au final rien ne s’est vraiment passé : c. ne s’est pas ennuyée une seule seconde, s’est laissée aller, laissée surprendre, laissée à elle-même, sérénité de l’abandon, pourvu que c. se fasse ses films, finit par s’assoupir sur une bonne impression générale / mari et matou partis se coucher pendant la seconde mi-temps, lorsqu’enfin seule c. n’a plus à faire semblant de dormir / précis d’économie domestique : c. vit à ça près, ci devant derrière habite c. malgré elle, astique en son intérieur, pas question de s’installer ici: ne jamais s’établir dans ce juste milieu haut-lieu patrimoine à garder territoire à défendre, hante le foyer, apparitions dans le paysage ci-gisant, il manque quelques choses mais quoi oh rien de grave, s’effacent mots images situations expériences – disparition des chairs bouffées, phanères compris, que reste-t-il de tous ceux que c. a perdu en si bon chemin, absences de b. en présences de c. sous-jacences de b. c. d., de toutes façons c. passe après tout le reste; séparation des éléments (manuel d’optique enfin amusante), lorsque soudain lorsqu’enfin cet univers familier, ce petit monde ce petit air de famille, si petit air, souffle court, minus air de réel, achève de se décomposer, petits petits tout petits éclatés écorchés, les protagonistes s’agitent de plus belle lassante frénésie, c. attendu de toutes parts à chaque virage, b. c. d. dans leur petit petit tout petit monde, voici la clairière qui se cache dans la forêt qui déborde le silence, gêné le silence par la lisière, s’enfonce dans le paysage, bruyant le paysage : portrait de groupe avec mouches, portrait de groupe en mouches, portrait de mouches avec groupe, photos post-mortem, voilà où c. en est rendue : ainsi, ça a été, si-si. [sachons nous amuser : cherchez l’intrus, trouvez les sept erreurs, loup y es-tu, b. c. d. se cherchent se trouvent, touchés coulés, 1-2-3-soleil/perdu, c. bouge encore]
en jeu : mais quand comment improviser, face au travail qui compose tout ce petit monde – tension des circonstances excitation de l’attente, inachèvement de la besogne, théorie politique des grands ensembles, ne rien y faire ne rien en faire : défaire, en toute simplicité, liquider la permanence, c. s’imprègne du paysage y retourne yeux ligotés bras torse sexe jambes crevées, sifflote, pense en être malgré les erreurs passées les erreurs répétées, n’a rien à y gagner ne s’y perd plus : écoute : lorsqu’enfin c. n’a plus besoin de s’inquiéter pour les autres, détail inouï, discipline du temps pris sur soi accidents partagés, les aléas augmentent les probabilités augmentent les corps, ce son en fait-il venir un autre / toujours un ton en dessous accompagne les mouvements de foules, par où passe le moment opportun partir sur un coup de tête ne jamais revenir même sur un coup de tête, une décision à prendre à chaque instant déstabilise l’instant propice lorsque soudain / patatras, dans l’intuition se vautre c. : la petite musique ne prend pas, mal expirée, c. se met minable hésite repart hésite/lorsqu’enfin cet accident tant espéré, phénomène de groupe, c. interprète tout de traviole, on s’est encore mal compris pas moyen de s’entendre avec ce bruit qu’il fait qui recouvre ce sale temps qu’il fait / icimaintenant c. le sent bien, s’oubliant : réceptif, influençable c. se laisse emporter par le dernier remous qui vient à peine de lui agiter la surface des yeux vitreux, disponible, vulnérable, pénétrable, nouvelle expérience kinesthésique, mémoire corporelle résiduelle involontaire, vaudrait mieux en rester là – au hasard, sur un bon souvenir: allez, vas-y, viens, laisse-toi aller laisse-toi faire fais-toi plaisir fais-moi plaisir, surprends-moi que je t’étonne, tous nos caprices étalés sur la table, prends donne prends donne ça fait pas si mal que ça, l’air de rien, tout ça pour mieux jouir de la situation et à la fin tu verras c’est jamais terrible, mon corps t’appartient appuie plus fort je ne sens (presque) rien, tu te souviens de nos premiers embrassements on s’offre à quoi qui possèdes-tu, baisons-nous d’abord on négociera plus tard : on verra bien, essaye voir de m’attraper si t’y arrives et puis c. déjà tout oublié, tu vois c’est comme ça: et voilà – mais qu’est-ce que tu t’imaginais ?, quand comment commencer quand comment finir je ne m’y ferai jamais, toujours mauvais en affaires, c. toujours mieux que rien, passe encore, pardon je ne fais que passer, pour une fois qu’il m’arrive quelque chose, au fait, s’il était arrivé quelque chose à c. ? bien fait
quand bon lui semble, c. prend ses désirs pour la réalité, ne laisse rien passer, laisse une drôle d’impression, n’arrive pas à savoir mais que se passe-t-il au juste, à partir de quand jusqu’où le réel se distingue-t-il se fait-il doubler de toutes les illusions qu’entretient c., à partir de quand jusqu’où se complait-elle dans ces minables arrangements avec le réel, à qui consent quoi c. – ce qu’imagine c. de loin déçoit toujours de près (prise en défauts), ce que remarque b. en s’approchant ce que découvre c. en s’éloignant (pris par défaut), regarde bien tous ces corps insaisissables qu’imagines-tu y discerner que tu aimerais attraper au vol, c. vit à l’œil et s’en branle, le plausible augmente le réel accourcit l’invraisemblable, ce matin le paysage semble plus vrai que nature, comme c’est beau, pittoresque, sublime ! comment, ce n’est pas vrai ? eh oui, tu vois, c’est comme ça, mais qu’est-ce que tu crois – c. jouit d’une bonne vue, sirotant une infusion somnolant dans son hamac, s’extrapole entre deux moites rêveries, car la situation est dramatique: soudain, siestes systématiquement interrompues. Ou : semblant de rien, détourne gestes et regards, imprévisibles jeux de mains trompe l’œil & passe-passe – c. y voit mieux se rapproche du but mais n’attrape rien de plus, c. touchée par votre attention madamemonsieur merci à la prochaine, vous allez voir c’que vous allez voir, réalisme magique et magie réaliste, ne s’encombre pas des détails, prolonge l’imposture : vous en fait croire, tu n’vas quand même pas croire tout c’que tu vois mais qu’est-ce qui s’passe ici, voie de fait : y’a tromperie sur la marchandise mais pas sur la viande : faisandée, la bidoche, depuis le début de notre histoire – vous n’imaginez même pas vous ne pouvez pas imaginer, c. pourtant si vraie/la situation est : réel découpé, mesuré, mètre par mètre, seconde après seconde, un sou est un sou, tout compte, tout compte fait, invariable ritournelle, il n’y a pas de petites économies, peser chaque geste comme si tout le reste y était contenu, comme si c. allait être interrompue n’importe quand n’importe où n’importe quoi, c. décomposé, c. arpente le paysage sans plus oser bouger, par où traverser, comment éviter de se perdre dans les nuées de mots les montagnes de mouches les brèves illusoires mensongères – le réel est-il clos, fermement clos? à quelles dimensions exactes se situe c., lorsque soudain
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ben voyons, cela reste parfaitement irréel irréalisable, grommelle c. tant qu’ille entrevoit sans même frôler et n’y entend rien – finit par ne plus croire qu’en ce qu’elle étreint – alors, aller au contact garder le contact : main tenant, dansons, pas de deux et plus avec ou sans affinités, ballet improvisé en toute intimité, kinésphères réduites en leur plus simple expression, fuir l’harmonie des formes dédire la photogénie des chairs ruiner la chorégraphie des bien portants saccager le concert des gens aisés, petite petite toute petite anatomie de l’image – contractions astringence du tégument par où se frictionnent, tension de quoi se comblent les interstices entre corps manifestes : de temps plus que d’espace (raccourcis de c. à b.), entre mots redondants : de sons plus que d’images, doute entre chaque instant, hésite entre chaque mouvement, synchroniser les effets qu’on se fait, c. s’acharne pour enchaîner – discipline du tronc/organes/souffle puis, (éventuellement,) bassin/bras/jambes/cul, insuffisante précision mécanique, comment se relâcher quand c. vit tout en retenue, c. tortille, frayer dans le temps l’espace le poids l’intensité du moindre élan, avant tout composer avec la gravité de la situation la lourdeur de la viande la bassesse des organes : tomber se rétablir se retomber, se coltiner le sol, affaissement de c. glissement du terrain nouvelle déception t’as peur de trébucher c’est ça ? – quelle maladresse, c. ne se maîtrise plus, piètres jeux de mots de jambes – même en pleine suspension c’est encore vers le sol que se tend c., puis c. tombe en disgrâce, désarticulation démembrement décortiquage, c. trop sensible, défaire le corps : faire corps dit-elle : las, c’est à la fin de cette histoire qu’on retrouve le corps de c., danse macabre étourdissante – avec toi, c., rien n’est jamais vraiment clair, mais tais-toi donc à la fin.