traversées

[photos de Marie Markovic accompagnées de textes de Florie Adda]

par là

Soir de foire, il n’y a personne à part cette fille et son père paumés dans le palais des glaces. Les reflets se décuplent, forment une toile de lumière qui s’enroule autour des cerveaux. Comment on sort? Par où on est rentrés ? Une main apparaît, isolée du reste. Plus loin c’est une jambe, un pied. Les corps sont découpés, fragmentés. On est pris par surprise. C’est drôle au deb́ut, de se perdre. De perdre jusqu’à son intégrité.́ Jusqu’au moment où ça ne l’est plus. Alors tout s’accélère. On court partout, on fait de mauvais choix. « Papa ? » On revient en arrière. « Je suis là. » On croit reconnaître re un détour, une courbe, une lumière. « T’es ou ?̀ ? » On se perd dans les échos de soi-même. « Par là. » On panique alors qu’on sait, on sait que c’est ce qu’il ne faut pas faire. On nous l’a dit. On nous l’a apprit. « Où ca̧ ?? » Mais le cœur n’en fait qu’à sa tête. On n’entend plus rien. On ne voit plus rien. Et au moment où l’on croit que c’est perdu, une voie se dégage. Comme si c’était ça le but du jeu depuis le début, nous pousser à bout, avant de nous libérer d’un coup.

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