Je pourrais commencer ce récit comme L’astragale : « Le ciel s’est éloigné d’au moins dix mètres. » Mais, ce n’est pas vrai ; mon ciel s’est éloigné beaucoup plus loin, au-delà de mon horizon, loin, très loin derrière la ligne imaginaire qui limite habituellement l’espace de sa propre identité. En fait, je voudrais parler d’un autre monde, mais je ne le connais pas. Je peux aussi commencer ce récit avec ce qui me tombe sous la main, mais je n’en vois pas le sens, parce que sous ma main, il n’y a rien, pas même les lignes imaginaires qu’évoquent les superstitions des cartomanciens. Pourtant, j’ai bien des choses à dire. C’est difficile. Alors, je les dis comme elles me viennent, des bas fonds de la conscience. Je sais bien que personne n’éprouve l’envie d’entendre ça ; d’entendre les liqueurs qui nourrissent la réalité, être jetées en pleine gueule, brutalement, en vrac et sans condiment. Ce n’est pas une question de courage. Mais, c’est avec colère.
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